Rencontre du troisième (pauvre) type.

Le Spetsnaz Capitan Liv et son binôme du G.E.P., le Kamarade Gwen, venaient de s'engouffrer dans la cabane crasseuse qu'une pancarte branlante désignait comme sauna, plantant là le reste du Spetsnaz Elitan.

Le camarade Chimpanzul, fronça ses brousailleux sourcils et se tourna vers le Kamarade Yunfa, croisant son regard un bref instant. Le dédain qu'elle affichait pour ses collègues à la hâte suspecte répondit à l'interrogation de Chimpanzul. Il ne faisait aucun doute que le comportement du Spetsnaz Capitan aurait donné lieu à de sévères sanctions ne seraient-ce ses états de service irréprochables.

Sur ce constat tacite et bilatéral, les deux membres du Spetsnaz Elitan, se dirigèrent vers le Centre de Commandement qui avait été dressé dans les quartiers assignés aux pelotons de Terra Prima. Situé à l'autre extrémité de la communauté bourdonnante d'activité, le campement du Parti leur promettait la discipline et l'organisation dont les deux soldats avaient besoin.

Et les rues de Metal Hurlant les confortaient dans cette idée: partout, des ouvriers hideux, à la trogne ravagée par l'alcool, se rendaient des usines aux bordels, les dockers faisaient de l'oeil aux jeunes effrontées qui exhibaient leurs cuisses vulgaires, et les ruelles secondaires grouillaient d'une activité que les deux membres de l'élite militaire du Glorieux Parti Néo-Bolchévique préférèrent ignorer.

Ce constat était cependant troublant: loin de la lisse cîté de métal à laquelle ils s'étaient attendus, ils se retrouvaient dans ce qui leur semblait un bourbier insalubre après la splendeur de Terra Prima.

Se tournant vers le Kapamov Yunfa, Chimpanzul lui demanda:

"Spetsnaz Doktorin, ouk, comprenez-vous les mécanismes qui animent ces êtres vils et répugnants?
Grouk? Ils ne semblent répondre qu'à leurs instincts les plus primitifs et bestiaux, hurk, et pourtant font avancer notre impitoyable machine *brom* de guerre. Hroummf! C'est fort surprenant, ne trouvez-vous pas?

La Kamarade Yunfa observait froidement la foule bigarrée tout en faisant machinalement tinter la trousse de lames chirurgicales qui pendait à sa ceinture. La tentation d'une expérimentation, sans doute...

-Kapamov Chimpanzul, je me posais la même question il y a peu et je pense que ce sont justement ces instincts primaires qui les rendent si faciles à manipuler. Imaginez: toute une population abrutie par l'alcool et autres substances psychotropes, en manque constant, de surcroît. Une telle masse représente l'outil idéal *bonk* pour qui sait la manipuler! Facile à entretenir, peu coûteuse, aisément remplaçable...

-Votre analyse est remarquable, urk, Spetsnaz Doktorin. Ouuuuuk! C'est grâce à des membres comme vous que le Parti rayonne un peu plus chaque jour! Grrrouuuk! Je n'avais pas pensé que ces individus
*bunk* puissent être des outils. Houk! C'est donc pourquoi nous ne devons pas les mépriser en tant qu'inférieurs, mais plutôt les ignorer comme la matière inanimée qui...


-Uuué, vous, là! Kess vous croyez bande d'enc'..."

Les deux Spetsnaz Elitan, n'ayant pas l'habitude de louvoyer à travers une foule qui, là d'où ils venaient, était plus disciplinée et surtout respectueuse de leur uniformes, avaient creusé une tranchée à travers la masse grouillante et populeuse en devisant tranquillement.
Le dernier des trois infortunés qui ne s'étaient pas écartés à temps pour éviter le contact inamical de la carrure des régulateurs commmença à élever la voix, aussitôt interrompu par le regard glacial et courroucé des deux militaires...

La jeune femme leva la main, comme pour signaler la fin de l'altercation. Après tout, la mission était ailleurs.

Se tournant vers son colossal voisin:

"Kamarade Kapamov Chimpanzul, peu importe. Continuons notre.."

"Vazyyyy comment t'es trop bonne t'a! Allez viens j'te paye un verre vite fait et on fait connaissance là! hop! hop! hop!"

Cillant et visiblement contrariée, Yunfa repartit d'un pas vif et visiblement pour éviter un quelconque incident diplomatique au sein même de la cité. Suivant de près, le kamarade Chimpanzul n'avait pas de peine à rentrer dans les enjambées de la jeune Doktor.

N'avaient-ils pas fait une dizaine de mètres:

"Comment tu m'snob! C'est dingue ça! Allez quoi, juste un verre ... pfff .. salope"

La kapamov tiqua, s'arrêtant net.


"Ahaha! Les mecs, r'gardez là, elle vient de rend' compte qu'elle allait faire une bêtise!"

Lentement, posèment, Yunfa se retourna. Son visage était défiguré d'une expression de haine intense et profonde. A peine plus loin, face à elle, l'homme se tenait goguenard. Cette dernière le dévisagea d'un regard sombre et emplie d'une rage froide.

"Wohoho! Alors t'acceptes bonnasse? hehehe personne résiste à mon.."

Un premier pas, puis un second, avec calme la Kapamov se dirigeait vers l'homme visiblement saoûl. Celui-ci, discernant l'expression de colère profonde dont les splendides yeux de la jeune femme l'innondait, commença à bégayer.

"Heu .. t'acceptes alo... gnmmmmf"

Arrivée à son niveau, le bras droit s'était lentement tendu, comme pour une caresse. La machoire était tenue fermement, presque broyée dans la main gantée de la jeune femme, l'homme entendit l'articulation craquer sinsitrement.

"Un membre du Parti ne peut en aucun cas être traité en termes injurieux. Insulter un membre du Parti revient à s'en prendre indirectement à l'Omni-Tsarine Catherine, article 7 alinéa 2-c du code de sociabilité et diplomatie. Vous cherchez donc à mourir?"

L'ivrogne, presque soulevé du sol, les yeux exorbités de peur, gesticulait et grommelait des sons inintelligibles.

"Nous sommes des membres du Parti, non des fourailleurs. Vous saisissez cette nuance fondamentale?"

Resserant son étreinte, les dents apparaissaient désormais à nue dans la bouche grande ouverte du pauvre homme.

"Nous savons ce que nous devons à l'effort de guerre cette cité fluviale, aussi je serais clémente. Sachez néanmoins qu'à la prochaine alercation..."

Sa main gauche agrippa le colt à sa ceinture, dont elle enfonça le canon dans la bouche même de l'homme à deux doigts de défaillir.

"...Mais il n'y aura pas de prochaine altercation. N'est ce pas, monsieur?"

"Gmnnnnf! Mmmmmmmf!"

Il hochait la tête frénétiquement, louchant sur le chien du colt, retenu par le pouce de la jeune femme.

"Bien, en ce cas, poursuivez votre journée."

La main s'ouvrit, l'homme chuta lourdement sur son arrière train, les jambes en coton. Yunfa rangea son arme dans son étui, puis se tournant vers son Kamarade:

"Allons y, Kapamov Chimpanzul. Assez perdu de temps."

Chimpanzouk

J'attends que tu postes le premier sur le narratif collectif ^^